Nous partons avec toute la famille Inuit au total nous sommes 13 personnes. Nous avons 4 skidoo et 4 luges dont l’une de plus de 8 mètres de long avec tout notre matériel.
Nous ne savons pas vraiment où nous allons. Les Inuit sont incapables de déterminer la durée du voyage et c’est compliqué d’avoir tous les détails sur notre itinéraire. C’est certainement le premier choc culturel. Notre montre et notre emploi du temps nous rassurent et comblent probablement nos angoisses. Les Inuit se posent beaucoup moins de questions et n’ont pas de montre, ils ont le temps. Ici le soleil ne se couche jamais. Seul son inclinaison permet de savoir si nous sommes le jour ou la nuit…
J’aime cette part d’inconnu où l’on remet notre destin au hasard. Nous devons accepter le rythme lent du dégel de la banquise.
Nous montons dans une barque en aluminium hissée sur une grande luge et nous glissons vers nos rêves. Sur notre droite, le soleil de minuit illumine les différentes strates des montagnes : du rouge, de l’oranger et du jaune avec une multitude de nuances.
Nous en profitons pour faire une pause, boire un thé chaud et manger quelques biscuits. Quand notre guide aperçoit un ours et ses 2 petits. Il part à leur rencontre. Christophe sort son téléobjectif et tente de faire quelques images. J’en profite pour lancer mon drone et immortaliser ces petits oursons. Plus loin, leur mère se baigne dans une faille de la banquise pour se rafraîchir. Les Inuit du village n’avaient pas menti : nous sommes sur le territoire de l’ours.
Après plusieurs heures de voyage hors du temps du jour et de la nuit, nous arrivons sur la terre ferme pour poser notre camp. Mais l’accès est compliqué. De gros blocs de glace nous empêchent d’y accéder. Nous mettons plus de 2 heures pour franchir ces grandes failles. Ce long voyage de plus de 9 heures dans la nuit polaire nous aura épuisé. Nous montons les tentes et dormons car demain nous partirons sur le floe edge.