A la rencontre des Plabennécois

Plabennec

Laurent et Olivier sont allés ce matin à la rencontre de 40 élèves en CM1 et CM2 à l’école Saint-Anne à Plabennec.
Une fois de plus, les enfants sont tombés sous le charme des images rapportées illustrant la beauté du continent blanc. Des enfants également très captivés par le récit des expéditeurs racontant cette aventure mêlant voile et apnée.

 

On en parle !

Dès leur retour, les apnéistes ont tenu à rendre visite aux élèves qui ont suivi leur aventure.
Leur rencontre avec les élèves de St Malo a fait l’objet d’un joli reportage sur TV Rennes.

A découvrir ci-dessous, 5min45

 

Saint-Malo

 

Saint Malo 2

Le brash, no prob !

Petite brise, ciel dégagé, allez aujourd’hui on va à la « chasse » aux phoques !

IMG_1411 - copie

Depuis notre annexe, nous contournons la manchotière de Hovegaard. De très nombreux growlers de toutes tailles ponctuent la surface et nous imposent de nous faufiler entre eux et trouver des couloirs libres pour avancer. Je demande :
– C’est quoi la tache sombre sur cette plaque à 10 heures ?
Une approche lente à la rame et Jérôme affirme :
– Un crabier !
Le mammifère ouvre un œil, puis le referme. Il n’a pas l’air de vouloir jouer avec nous.
– On va le laisser tranquille !

On continue notre petit tour. Bientôt, plusieurs formes se reposent sur des plaques très proches de la manchotière, complètement encerclées par le pack de glace qui recouvre toute la surface de l’eau. Nous avons du mal à nous frayer un chemin à la rame. En poussant sur les blocs et tous les morceaux qui petit à petit s’ouvrent, l’embarcation se faufile.

– C’est un léopard !
C’est le phoque qu’on espérait.
Très doucement nous nous immergeons dans cette surface de glaçons. Je découvre cette sensation inconnue et un peu pressante. Nous devons pousser les blocs avec nos mains pour avancer. Par une réaction en chaine, ils se referment aussitôt derrière nous. On se sent un peu emprisonné et tenaillé dans ce milieu.
– ça va les gars ?
– No prob !

On avance doucement. C’est une femelle. Elle n’est plus qu’à quelques mètres. Tranquillement, on s’avance vers elle pour lui parler.
– Allez, viens ma belle ! Viens nager avec nous.

La léoparde bronze paisiblement sur sa plateforme de glace et se dandine sans trop nous prêter attention. Nous restons à distance et multiplions les tentatives d’interactions, sans succès.
En l’espace de quelques minutes, l’ensemble des blocs portés par le petit courant et la petite brise se sont déplacés de manière totalement anarchique.
– Attention derrière toi ! Un bloc va te pousser !
Effectivement ça pousse. Heureusement, notre combinaison permet de repousser certaines arrêtes tranchantes des glaçons. On les contourne. On les repousse. Le pack c’est vivant !

Notre léoparde n’est décidément pas très réceptive et nous dédaigne de quelques bâillements en arborant son impressionnante dentition de prédateur carnassier.
– Allez, viens ! Viens faire ta belle qu’on te prenne en photo !
Rien à faire. C’est alors que Laurent propose :
– Les gars, on va passer sous sa plateforme et lui faire un petit coucou par dessous. Ok pour vous ?
– Carrément !
Laurent part le premier. Il descend en « phoque » sous le brash. Et oui, on ne peut pas faire de canard dans cet enchevêtrement de glaces ! Il effectue les quelques mètres qui nous séparent de la plateforme en apnée. Un peu plus tard, il réapparaît derrière la plateforme de la léoparde en nous disant :
– J’ai gratté le bloc, mais on ne la voit pas en transparence.
– Elle n’a pas bronché !
Olivier se lance à son tour. Il réapparaît une minute plus tard, à côté de Laurent, sans avoir plus de succès avec la léoparde !
A moi ! La tête en dehors de l’eau, concentration, inspiration calme, expiration et go ! Immersion en phoque, compensation, descente à 3 mètres, retournement.
Waouh ! Je ne vois plus le trou d’où je suis parti. Il s’est déjà refermé. No prob ! J’avance vers la plateforme de la léoparde. La voilà, plus grosse et plus épaisse que le pack. J’arrive à peu près à l’endroit supposé de sa position. Je m’arrête, collé à sa surface lisse inférieure. Je donne quelques bons coups de poings pour essayer de faire bouger la belle. No prob ! Je continue ma petite apnée en rampant à l’envers de la plateforme vers la sortie. No prob ! Ah !! Voilà c’est un peu plus clair par-là ! Ça doit être la fin de la plateforme. No prob ! Mais je sors où là ? Il y a des blocs partout. Tout est fermé. C’est qu’ils sont gros quand même !! Il n’y a pas de trou pour sortir là ! Petit instant de solitude. Réflexion. Les autres sont bien sortis eux alors  pas de raison que moi je n’y arrive pas ! Je continue. Tiens des palmes ! Ils sont là !  Oui mais… le pack est bien fermé autour d’eux ! Je fais comment là ???  Pas le choix, il faut y aller ! Les bras tendus, je pousse les blocs pour me frayer une place dans cet enchevêtrement. Deux coups de palme et je sors la tête. Je suis encore tout ahuri de cette nouvelle expérience hors du commun ! No prob !!!
– Waouh ! Les gars, j’ai eu un petit moment de stress là dessous pour ressortir du pack !
– Ha ha ha ! On ne te l’avait pas dit mais on savait ce que ça faisait pour l’avoir déjà vécu en 2010 ! :o))
– Sympa de me prévenir les gars ! :o)) Merci pour la sensation en tout cas !
Notre léoparde n’a pas bougé d’un poil. On va devoir la laisser tranquille et tenter notre chance un peu plus loin.

– Attendez ! On la refait ! Je veux encore ressentir cet emprisonnement du brash, ce plafond au-dessus de moi !!!

Il faut revoir pas mal de nos références dans ce nouveau monde. C’est magique !  Et voilà, quelques apnées plus tard, cette nouvelle sensation est bien imprimée dans notre expérience d’apnéistes des glaces. No prob ! ;o)

Tangui

 Petit lexique :
– le pack : c’est le début de la banquise plus ou moins épaisse. Le bateau ne peut avancer qu’en cassant cette couche avec son étrave.
– le brash : c’est une agglomération de morceaux de glace plus ou moins gros qui couvre toute la surface de l’eau. Le bateau doit les écarter pour avancer.

12 mars : une rencontre extra-ordinaire

Hier nous avons rencontré un groupe de 3 baleines à bosses qui sont restées jouer autour des apnéistes pendant 3 heures !
Toute l’équipe a participé de près ou de loin à ce spectacle grandiose. Chacun s’exprime sur ce moment.
baleine apnéiste
Olivier
Dame nature a voulu nous récompenser de notre passage respectueux en Antarctique, et de notre dernière plongée. Elle a mis sur notre chemin 3 baleines curieuses et extrêmement joueuses. Moment de grâce et d’euphorie pour tout le monde. Tantôt elles passent calmement en dessous de nous comme pour venir nous chercher et nous observer, tantôt elles font des cabrioles en surface nous montrant leurs pectorales et leurs queues hors de l’eau à grands coups d’éclaboussures.  Ce ballet déjanté restera totalement inoubliable. Parfois je chante comme les baleines pour tenter de les attirer et d’autres fois je crie de joie. 3 heures passées dans l’eau – en oubliant tout le reste – pour profiter au maximum de ces instants magiques.

Joël
A peine sortis de la baie de Cuverville, des baleines se manifestent et viennent tourner autour du bateau. Les apnéistes décident alors de se mettre à l’eau. S’en suit un véritable festival entre eux et les baleines. Elles plongent invitant les apnéistes à les suivre ou bien sortent de l’eau et les attendent pour qu’ils puissent les rejoindre. Les apnéistes sont si près qu’ils sont frolés par les baleines. Elles s’éloignent puis reviennent vers eux. Vous n’allez pas me croire mais le ballet a duré plus de 3 heures ! Les apnéistes étaient aux anges et ne songeaient nullement à quitter l’eau glacée. Image fantastique, scène inoubliable entre les plongeurs et les baleines au milieu de cette nature féérique.

Tangui
Chantons avec les baleines.
Un moment magique ! Les baleines plongent à quelques mètres devant nous, nous invitant à les suivre. Elles nous entraînent dans des apnées de cabrioles synchronisées entre elles. Parfois elles se frottent le dos ensemble et nous offrent leurs ventres blanc en balançant leurs nageoires comme un signe de venir les rejoindre. Et comme un gage supplémentaire de leur plaisir partagé avec nous, elles nous chantent de puissantes vocalises magnifiques qui nous résonnent dans le corps. Nous nous prenons au jeu et avec Olivier entamons nous aussi des imitations du chant des baleines dans notre tuba ! D’un coup de caudale qui fend les eaux avec une puissance extraordinaire elles continuent un peu plus loin puis font demi tour pour revenir voir ces étranges animaux apprentis apnéistes palmés… Une autre fois, elles sortent leurs nageoires ou leurs caudales hors de l’eau dans des vrilles majestueuses et de grandes éclaboussures. En surface, elles modulent le son de leur souffle roque comme une tentative complémentaire de communiquer avec nous. A plusieurs reprises ces mégaptères impressionnants nous encerclent en sortant verticalement de l’eau, leurs rostres sortis et l’œil qui nous regarde. Soudain je prends conscience de l’extraordinaire privilège de pouvoir partager ces intenses moments inoubliables avec ces animaux et mes amis. Nous avons le sentiment d’être en symbiose. L’émotion est grande, très grande …

caudale apneiste baleine
Jean Yves
Plongée avec les baleines – curieuses ces dames !
A chaque mise à l’eau des plongeurs elles tournent autour d’eux, les frôlent et les évitent d’une pectorale adroite, des marches arrières savantes pour centrer le nageur dans leur œil tout rond. Des positions verticales – rostres dehors – invitation à la descente. Des attentes sous la surface ventre en l’air et nageoires tendues vers le haut pour un « abrazo » austral. Pas de doute, elles nous captent et nous observent, nous gratifient d’un temps de connivence pris sur leur grand repas estival. Pas d’hésitation, pour les charmer il faut se mettre à l’eau !

Jacques
Tangui, Oliver et Laurent sont chaque matin super motivés pour aller à la rencontre de la faune sous marine omniprésente ici. Leur enthousiasme leur fait oublier l’épreuve qu’ils font subir à leur organisme dans cette eau à 0°. Une baleine en vue et dans le 1/4 heure ils sont tous les 3 en combinaison de plongée prêts à se mettre à l’eau. Go ! Et c’est l’interaction avec la baleine. Ils évoluent ensemble durant de longues minutes, ils se cherchent comme pour se sonder, puis enfin celles-ci se laissent approcher. Les apnées se succèdent et la joie de mes 3 compagnons fait plaisir à voir. Ils sont récompensés de leurs longs entraînements en piscine car oui ce qu’il font devant moi n’est pas donné au premier palmipède venu . Ce que la nature a bien voulu leur donner aujourd’hui c’est aussi à eux-mêmes qu’ils le doivent. Ce ne sera qu’au signal de la baleine que ce ballet prendra fin, en 2 ou 3 ondulations elle aura, hé oui ! fait 300 mètres pour s’éloigner. Là l’entrainement ne suffit plus ! C’est la nature qui commande. Tous les 3 reviendront au bateau les yeux chargés d’émotions de ces moments magiques qu’ils viennent de vivre.

Jérome
Comme pour tous les enfants de toutes les écoles qui vous suivent, j’avais  envie de vivre vos aventures aquatiques.
Cette rencontre avec les baleines m’a aussi donné envie d’y aller. Je suis resté sur le pont pour filmer et pouvoir entendre les réactions et l’enthousiasme des apnéistes à la sortie de l’eau. Je suis très content pour vous.

Laurent
Face à face avec la baleine.
Ce haut lieu, théâtre de nos incroyables interactions avec les baleines cette année comme l’année dernière. L’échange au début, est timide. Sous l’eau, nous les apercevons de loin. Pudiques, elles repartent, puis reviennent un peu plus longtemps, pour peut-être assouvir leur curiosité ?
Au bout d’une heure d’une cour qui nous rapproche. Nous recherchons chacun à nous tenir de plus en plus proche. Elles manifestent leur joie en frappant fort la surface de l’eau avec leur pectorale, leur nageoire caudale, le bruit est assourdissant. Nous les entendons très bien souffler l’air par leur évent. Un son très grave au début qui fait vibrer tout mon corps puis un son plus aigu vers la fin.
Et puis, nous les voyons nager doucement sous nous entre 5 et 10 m. Nous les reconnaissons avec leur pectorale de blanc diffus. Je m’immerge à plusieurs reprises. A un moment donné la baleine descend doucement, tête vers le bas. Je la rejoins. Je suis face à elle, son ventre vers moi et ses deux pectorales sont le long de son corps. Nous glissons ensemble. Tout est calme, ses chants courts m’encouragent à la suivre. Nous nous regardons et descendons dans les abysses. Le temps s’arrête. Puis je la quitte, mes petites capacités m’y obligent. J’aurais tellement voulu l’accompagner encore un peu…

11 mars, baie de Cuverville

Pos 64°41′ S, 62°38′ W

léo
Il neige abondamment, le vent est tombé, la mer sans ride est un vaste miroir dans lequel se reflètent les glaces dérivantes. Des otaries commencent à se mouvoir en de lentes ondulations sur la manchottière. Les manchots papous tels des soldats de plomb au garde à vous, restent imperturbables. Tout est étonnement calme, un étrange silence règne dans la baie. Des manchots juvéniles se mettent alors à piailler et réclament déjà la becquée. Les parents se mettent à l’eau pour marsouiner en quête de nourriture. Tout semble paisible, et pourtant la mort rôde. Lorsque le phoque léopard va quitter le morceau de glace sur lequel il sommeille, et se mettre à l’eau, gare aux manchots qui seront dans les parages. Ceci risquent d’être inscrits au menu du jour de ce terrible prédateur. Pour l’instant le léopard n’a pas encore quitté son glaçon, ni fait de victimes. Moment de répit pour la manchottière, mais la journée n’est pas terminée …

Joël